Page:About - Rome contemporaine.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coup de compliments de condoléance et d’exclamations attendrissantes : « Mon pauvre père ! mon malheureux frère ! mon infortuné cousin ! » Dès que l’agonie commence, le village entier accourt dans la chambre et reste jusqu’à la mort. Ainsi l’ordonne la politesse. De minute en minute, on jette de l’eau bénite sur la tête du patient pour chasser les esprits. À chaque convulsion, les parents se précipitent sur le corps en poussant de grands cris ; il ne faudrait rien de plus pour tuer un homme sain. Les moins délicats profitent de ces occasions pour détacher une bague ou une boucle d’oreille. Le jeune homme que vous voyez là-bas sur le seuil de sa boutique, est venu au lit de mort de son père avec certaine fausse clef dans la poche. Le vieillard expiré, ce fils a témoigné une douleur si violente que personne n’a pu l’arracher de la maison. Il est resté seul, et il a pillé la cassette du mort au détriment des autres héritiers.

« J’ai vu les derniers sacrements produire un effet bien curieux sur un de mes malades. Il avait eu la veille une crise un peu forte, qui devait décider sa guérison. Mais la famille, le voyant plus mal qu’à l’ordinaire, l’avait fait administrer dès le matin. Je trouve mon homme sur le dos, un crucifix dans une main, une madone dans l’autre. Il pressait les saintes images sur son cœur et montrait le blanc de ses yeux.

« Hé bien ? lui dis-je.

« — Hélas cher docteur, vous voyez : c’est fini.

« — Pourquoi ? Te sens-tu plus mal ?

« — Je ne sais pas ; mais c’est fini.

« — Donne-moi la main, que je te tâte le pouls ! Parbleu ! tu n’as plus de fièvre !