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fantines, et j’ai lu au-dessus d’une porte : Classis elementaris. Leur chapelle est une église assez ancienne ; j’y ai admiré un fort joli portail de la Renaissance, un plafond très-riche, quoique de goût douteux, et une bonne fresque de l’école du Pérugin. Mais le plus précieux de tous leurs biens est une madone miraculeuse peinte par saint Luc.

L’histoire ne dit pas que l’évangéliste saint Luc ait été peintre ni sculpteur. On sait même qu’il ne fut converti par saint-Paul qu’après la mort de Jésus. Cependant la naïveté publique se plaît à signer de son nom toutes les images archaïques qui représentent la Vierge et l’Enfant, soit en peinture soit en sculpture. C’est ainsi que dans l’antiquité grecque la foi populaire attribuait à Hercule tous les coups de massue un peu mémorables.

Quoi qu’il en soit, l’image miraculeuse de Velletri est gardée soigneusement dans une niche fermée de volets, au fond d’une chapelle défendue par une grille. Les populations des villages voisins professent un culte superstitieux pour cette peinture et lui apportent tous les ans de notables offrandes.

Un hôte du Campo-Morto appelé Vendetta conçut le projet d’une spéculation hardie. Depuis longtemps, il rançonnait les gens de Velletri et des environs. Il demandait à celui-ci deux écus, à celui-là dix ou douze. Quiconque avait une récolte sur pied, des arbres chargés de fruits, un frère en voyage, payait sans marchander ce singulier impôt. Cependant Vendetta finit par prendre en dégoût un métier si lucratif. Il rêva de rentrer dans la vie normale avec un revenu modeste et un honnête emploi. Pour atteindre ce but, il ne trouva rien de plus ingénieux que de voler la madone de Velletri et de la déposer en lieu sûr.