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Page:About - Rome contemporaine.djvu/305

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On approchait d’une fête carillonnée où la madone devait paraître aux yeux du peuple avec tous ses diamants. Le sacristain ouvrit la niche et constata avec des cris de douleur que la madone n’y était plus. Grande rumeur dans Velletri. On cherche de tous côtés et l’on ne trouve rien. Le peuple s’émeut ; une certaine effervescence se manifeste dans les villages voisins. Le clergé du pays accuse les jésuites de s’être volés eux-mêmes ; les jésuites récriminent contre les prêtres de Velletri. Le couvent est envahi, fouillé, bouleversé par un public idolâtre. Enfin le dimanche, à la grand’messe, Vendetta, armé d’un poignard, monte en chaire et se dénonce lui-même. Il prie le peuple d’agréer ses excuses et promet de rendre la madone dès qu’il aura réglé ses comptes avec l’autorité. L’autorité traite avec lui de puissance à puissance. Vendetta demande sa grâce et celle de son frère, une rente de tant d’écus et un emploi du gouvernement. On promet tout, mais Rome désavoue ses agents et ne veut rien ratifier. Cependant la population des montagnes se met en marche et un flot de paysans menace d’inonder Velletri. Le brigand cède au nombre, révèle la cachette où il a celé la madone, et se rend lui-même à discrétion. Il aura la tête coupée ; personne n’en doute à Velletri.

La madone est réintégrée. Une grande affluence de dévotes m’a permis de reconnaître la chapelle où elle fait ses miracles ; mais un rideau bleu, brodé au chiffre de Marie, ne m’a pas permis de contempler le chef-d’œuvre de saint Luc.