Page:About - Rome contemporaine.djvu/310

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qu’un homme à cheval y est aussi invisible qu’une perdrix dans nos sillons. Les foins, partout où l’eau ne fait pas foisonner le jonc et le carex, sont bien longs, bien sains et bien parfumés. La culture maraîchère trouve même une place dans cette fécondité de toutes choses. C’est dans les marais pontins qu’on cultive, par pièces de plusieurs hectares, ces artichauts demi-sauvages dont le peuple de Rome se nourrit en été.

Un drainage à ciel ouvert, simple et peu coûteux, suffit à produire toutes ces bonnes choses. Presque tous les papes, mais surtout Sixte-Quint et Pie VI, ont travaillé aux grands canaux collecteurs. L’intérêt privé a suivi le branle ; chaque propriétaire a creusé des rigoles dans son champ.

Les marais pontins sont soumis aux mêmes causes de stérilité insalubre que nos landes. Le vent d’ouest, qui amasse les dunes sur nos rivages de la Gascogne et de la Gironde, ensable également la côte occidentale de l’Italie et arrête l’écoulement des eaux. La seule différence entre ces landes et les nôtres, c’est qu’ici la terre végétale est mille fois plus abondante, et qu’il n’y a pas d’alios. La chaleur du soleil y est aussi plus ardente et plus féconde.

Cependant tout n’est pas fait pour les marais pontins, puisqu’ils ne sont point habitables. La population qui les cultive descend des montagnes, laboure, fauche ou moissonne et s’enfuit aussitôt, sous peine de mort.

C’est d’abord que les eaux ne s’écoulent pas assez vite. Il faudrait quelques canaux de plus.

C’est aussi que les détritus de matières végétales qui composent ce sol fécond, subissent dans les grandes chaleurs une fermentation terrible. Il s’en dégage des poisons