Page:About - Rome contemporaine.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lards de Lyon aux admirables tissus de laine sombre qu’elle avait portés dans sa jeunesse. « J’aime à croire, nous dit-elle, que vous avez apporté vos habits des dimanches ? » Notre réponse la contraria beaucoup. Elle haussa les épaules et dit : « On ne voudra jamais croire que vous êtes des seigneurs. C’est demain la fête de saint Antoine, patron de Sonnino. Il y a procession, course de chevaux, feu d’artifice. La nouvelle bande jouera des airs depuis le matin jusqu’au soir ; car nous avons une bande composée des meilleurs jeunes gens du pays. Ils ont appris la musique et acheté des instruments. Quel dommage que vous n’ayez pas apporté vos habits noirs ! »

Nous nous excusâmes de notre mieux, moi surtout qui tenais à obtenir ses bonnes grâces. Je lui fis si bien ma cour qu’elle promit de me raconter le lendemain l’histoire de sa vie. « Mais à quoi bon ? dit-elle de son ton bourru. J’ai vécu comme les autres et il ne m’est rien arrivé de particulier. Tout le monde était logé à la même enseigne en ce temps-là. »


On nous servit le souper ; Maria Grazia ne voulut point en prendre sa part. Cependant elle accepta un verre de vin et elle en but plusieurs. « Cela fait du bien, disait-elle ; il y a longtemps que je n’en avais bu ; cette denrée-là est hors de prix. »

Notre hôte fit enlever les couverts de nos domestiques, lorsqu’il sut que nous n’avions pas l’habitude de manger avec eux. Il nous présenta son futur gendre, un jeune ingénieur qui avait l’air d’un collégien. Je m’étonnais qu’on