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Page:About - Rome contemporaine.djvu/322

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le style rococo, gisaient honteusement au grenier. On rencontrait çà et là des images vulgaires, des Jésus de cire enluminée, des lithographies rustiques. Dans une sorte de salon, un petit saint Pierre de bois sculpté regardait gravement quatre statuettes de plâtre demi-décentes. C’était une femme qui lace son corset, une autre qui noue sa jarretière, une autre qui cherche des insectes dans son linge. Dans cette maison est né le plus illustre des enfants de Sonnino, et celui qui a donné le plus de tablature aux diplomates de l’Europe : S. Ém. le cardinal Antonelli.

Le concierge ne nous laissa point sortir sans nous montrer la principale pièce du logis. C’est un magasin où l’on entasse d’énormes provisions d’huile d’olive dans des puits de maçonnerie. La famille Antonelli achète l’huile en détail chez les petits cultivateurs de Sonnino, pour la revendre en gros aux négociants de Marseille.


Le bruit des cloches et la musique de la bande nous avertirent que la fête religieuse allait commencer. Une grand’messe se célébrait en l’honneur de saint Antoine, dans le couvent où nous avions logé nos chevaux. Nous y arrivâmes un peu avant la cérémonie, tandis que les paysans et les paysannes apportaient leurs vœux et leurs offrandes au pied du saint. Chacun donnait ce qu’il avait et demandait ce qui lui manquait, le tout avec de grands cris. Une mère présentait son enfant malade, en disant à saint Antoine : « Guéris-le, ou prends-le ! »

La messe dura longtemps. Lorsqu’elle fut terminée, la