Page:About - Rome contemporaine.djvu/335

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j’ai commencé à poser pour M. Schnetz, et ma sœur pour M. (Léopold) Robert. C’est ma sœur qui joue du tambourin dans le tableau de la Madone de l’Arc. Moi, j’ai posé plus de mille et mille fois dans mon costume, et l’on m’a dit que mon portrait était dans des églises et des palais de votre pays. Nous étions traitées doucement ; on nous permettait d’aller aux ateliers et même d’entrer comme ménagères chez les personnes recommandables.

« Mais mon mari, qui était un brave homme, comme je vous l’ai dit, et qui m’aimait beaucoup, sut que j’avais été arrêtée ; et, croyant que j’étais malheureuse en prison, il alla se livrer lui-même pour obtenir ma liberté et celle des enfants. Le saint-père avait promis la vie sauve et peu de prison à ceux qui feraient volontairement leur soumission entre les mains de l’évêque de leur province. Mais mon pauvre homme se méprit par ignorance : au lieu de se livrer à l’évêque de Piperno, qui était le nôtre, il alla se constituer prisonnier à Terracine. Et ainsi il perdit le bénéfice de la loi. On lui dit : « Si tu étais allé te rendre à Piperno, tu aurais eu ta grâce, puisque le pape l’avait promis ; mais tu es allé à Terracine, tant pis pour toi. On le mit aux galères à Porto d’Anzio.

« Les messieurs que je connaissais à Rome eurent pitié de mon chagrin, Ils demandèrent que mon mari fût enfermé plus près de moi, au fort Saint-Ange. Il y vint, et on lui permit même de sortir quelquefois pour me voir. Le pauvre garçon se conduisait bien en prison ; il apprenait à lire et à écrire ; il était exemplaire. On lui permit aussi de poser chez les peintres, et il gagna un peu d’argent. Quelques amnisties survinrent ; sa peine fut réduite plusieurs fois, si bien qu’au bout de deux ou trois ans il n’a-