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Page:About - Rome contemporaine.djvu/336

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vait plus que dix-huit mois à faire. Nous étions contents et pleins d’espoir. Notre idée était de bâtir un petit cabaret vers la porte Portese et d’y finir tranquillement notre vie. Mais lui, qui avait toujours été si sage en prison, fit je ne sais plus quelle imprudence. Je crois que, dans un moment de colère, il dit quelques vilains mots contre les saints. Tant et si bien qu’on le mit au bagne de Civita-Vecchia pour le reste de ses jours.

« Je vous ai dit qu’il était le plus doux et le meilleur des hommes, mais cette fois le désespoir le prit. Lorsqu’on a été si près de la liberté, on n’y renonce pas pour toujours. C’est pourquoi le pauvret s’entendit avec son compagnon de chaîne ; et, un jour qu’on les avait envoyés faire du bois hors de la ville avec un seul soldat pour deux, ils se débarrassèrent de leur gardien. Il faut que la Madone les ait assistés miraculeusement ensuite, pour qu’ils aient pu rompre leurs fers, changer d’habits, passer le Tibre sans savoir nager, et gagner Sonnino, qui est à l’autre bout du pays.

« Ils s’y défendirent plus d’un an contre les soldats de l’État (pontifical) et ceux du royaume (de Naples), qui les traquaient de tous côtés. Le saint-père avait mis leurs têtes à prix ; chacune des deux valait cent écus, qui sont cinq cent trente-cinq francs de votre monnaie. Croyez que, s’ils résistèrent si longtemps, ce fut par leur grand courage, leur connaissance du pays, leur expérience du métier et l’honnêteté des bons pasteurs du voisinage, qui aimaient mieux leur dénoncer les gendarmes que de gagner cent écus.

« Mais, à la fin, un traître découvrit la cabane où ils s’étaient retirés pour la nuit, et ils furent cernés par des sol-