Page:About - Rome contemporaine.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je ne veux pas quitter les huiles et les sucres sans vous parler du spectacle le plus intéressant qu’on m’ait montré à Marseille. On m’a fait voir dans un bureau fangeux, enfumé, plus que modeste, une veuve encore jeune qui recevait en robe noire et la plume à la main tous les ambassadeurs du commerce. Elle gouverne et fait prospérer deux huileries importantes et une énorme raffinerie achète et morcelle de grands terrains au nord de la ville ; acquiert une propriété d’un million dans un département voisin ; y découvre des mines de fer ; établit des hauts fourneaux ; gagne pour un million et demi de procès contre les communes riveraines ; trouve une mine de cuivre, la seule qui soit en France, et s’apprête à l’exploiter, tout en élevant dix-sept garçons, filles, neveux et nièces, sans compter les petits-enfants. Cette personne extraordinaire et nullement excentrique, qui manie une dizaine de millions sans faire de bruit, a commencé sa fortune elle-même. Vous voyez bien que l’épicerie est proche parente de la féerie. Sésame, ouvre-toi !


La fabrication des savons n’est point sujette au progrès, comme celle des sucres et des huiles. Elle n’a presque pas bougé depuis deux cents ans ; elle était grande fille dès sa naissance, comme Minerve qui sortit tout armée du cerveau de Jupiter. Le seul changement à signaler, c’est que depuis l’invention de la soude factice, les huiles du sésame ont acquis droit de cité dans le pays de la savonnerie. Mais les fabriques de savon, qui parfument désagréa-