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dire, au demeurant, que les discussions sont très-rares. Le voiturin et son valet sont armés d’une complaisance inaltérable, et j’ai toujours eu lieu d’admirer la courtoisie des Italiens qui voyageaient avec nous. Était-ce sympathie pour la nation française ? Était-ce simplement l’effet de ce vieux préjugé romain qui voit dans tous les étrangers autant de seigneurs ? J’incline vers la première hypothèse. Le voiturin lui-même agissait avec nous moins familièrement qu’avec ses compatriotes, et j’ai cru voir que dans les auberges on prenait de nous un soin tout particulier. Cependant les aubergistes savent mieux que personne que les voyageurs du voiturin ne sont pas précisément des seigneurs.

J’ai cheminé de cette façon depuis Rome jusqu’à Bologne. Au départ, nous étions cinq Français, avec un jeune avocat romain. Quatre dans la voiture, deux sur l’impériale. Les voyageurs de l’impériale demandaient des remplaçants chaque fois qu’ils se sentaient un peu trop cuits.

Mes compagnons de voyage étaient un jeune touriste de beaucoup d’esprit, M. Dugué de La Fauconnerie, un peintre de l’Académie de Rome, M. Giacomotti, deux autres artistes, M. Pradier, fils de l’illustre statuaire, M. Jules David, petit-fils du grand peintre et cousin germain de mon excellent ami le baron Jérôme David. Je ne me rappelle pas le nom du jeune avocat qui faisait route avec nous, mais c’était un homme doux et bienveillant. Peut-être lui manquait-il le je ne sais quoi qui distingue chez nous les hommes bien élevés. Cependant nous étions presque choqués de voir que le voiturin le traitait sur un pied d’égalité parfaite. Nous étions d’un pays où la distance