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Page:About - Rome contemporaine.djvu/349

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passe-port et que les passe-ports ne se donnent qu’aux hommes bien notés. Ils coûtent assez cher et ne servent que pour un voyage. Ainsi un habitant de Terracine qui serait forcé de passer cent fois par an la frontière napolitaine devrait donner cent fois un écu à l’entrée et à la sortie. Ajoutez qu’on ne traverse pas une petite ville, si modeste qu’elle soit, sans subir les ennuis du visa et sans payer tribut à la mendicité d’un fonctionnaire. Le voyageur le plus déterminé se découragerait à moins.

Lorsqu’un petit bourgeois de Rome est absolument forcé de se mettre en route, il traite de gré à gré avec un voiturin. C’est une grosse affaire. On débat la durée du voyage, le nombre des repas, le café au lait du matin, le prix du transport, le montant du pourboire. Le voiturin s’engage à se rendre en tel lieu en tant de jours et par telle route, à prendre autant de bœufs et de chevaux de renfort qu’il en faudra pour chaque montée, à payer le passage des ponts et des barrières qui coupent la route, à loger son voyageur dans les meilleures auberges et à lui fournir tel nombre de repas. Toutes ces conventions sont couchées sur le papier ; on dresse un acte en double expédition, signé des deux parties contractantes.

Les prix du voiturin sont d’une modération fabuleuse. Si j’ai bonne mémoire, un voyageur peut être transporté, nourri, couché, servi, pour une somme de six à huit francs par jour. Mais on va beaucoup moins vite qu’en chemin de fer ; il faut en prendre son parti. Les journées de douze lieues ne sont pas de mauvaises journées.

Le premier voyageur qui a traité avec le voiturin est le maître de la voiture (padrone del legno). Il a voix prépondérante dans les discussions qui s’élèvent en route. Je dois