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Page:About - Rome contemporaine.djvu/360

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Cette maison miraculeuse est propriétaire de la ville de Lorette et de tout l’horizon qui l’entoure. Elle possède quatre cent mille francs de rentes en biens fonds, sans compter le revenu éventuel qui est énorme. Jugez-en par la vente des chapelets et autres objets de dévotion, qui rapporte aux habitants de Lorette un bénéfice de quatre à cinq cent mille francs par année. Ce commerce ne profite qu’indirectement à la maison sainte, mais il entraîne à sa suite une multitude d’offrandes. Ainsi, je viens de voir une vieille dame de Dublin s’occuper un grand quart d’heure à faire bénir mille petites choses : bagues, médailles, chapelets, et sonnettes contre la foudre. Un ecclésiastique dont j’admirais la patience a signé pour elle une vingtaine d’images ; il en a cacheté vingt autres en joignant à chacune un petit lambeau de crêpe noir ; il a sanctifié plusieurs bijoux en les faisant passer dans l’écuelle où mangeait l’enfant Jésus ; après quoi la bonne dame a déposé une offrande qui égalait pour le moins la valeur de toutes ses emplettes.

Je ne parle pas des offrandes plus précieuses qui sont envoyées par les princes et les grands de la religion catholique. Il y en a de plaisantes, comme la culotte du roi de Saxe ; il y en a de magnifiques, et le trésor de la sainte maison a réparé ses malheurs de 1797.

La statue de la Vierge, sculptée par l’inévitable saint Luc, est littéralement vêtue de pierreries. Cette figurine de bois noir, qui a séjourné jadis au cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale, possède un écrin plus riche que pas une princesse de l’Europe.