Page:About - Rome contemporaine.djvu/45

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Mais depuis que les parquets de province fonctionnent régulièrement, la rente se vend et s’achète à Marseille sans faire le voyage de Paris ; les négociants de Bordeaux ou de Lyon spéculent sur la hausse et la baisse par l’entremise de leurs agents, sans rien dire au receveur général. Cette révolution dans les habitudes de la province est plus importante et plus utile qu’on ne le suppose au premier coup d’œil. Lorsque toutes les affaires aboutissent au même marché, la concurrence de tous les ordres de vente qui s’abattent simultanément sur une seule place, en temps de crise politique ou financière, contribue à la dépréciation du crédit, et précipite la baisse. Quand les marchés de province sont là pour amortir le choc, la baisse se sent moins parce qu’elle se répartit.


Il y a tout juste un an que je gourmandais de toutes mes forces le conseil municipal de Bordeaux. Je lui reprochais d’être riche et mauvais riche, de ménager un peu chichement les revenus d’une ville grande et puissante, et de marcher sans enthousiasme dans cette voie de luxe et de progrès où la France entière galope à la suite de Paris. Il est certain que l’économie est la plus sotte et la plus stérile de toutes les vertus. Lorsqu’une dépense est utile, on doit la faire sans marchander et sans attendre. Je connais un homme qui voyage six mois par an, et qui a pour principe de ne rien payer trop cher : l’habitude de marchander lui sauve une dizaine de francs par jour, et lui retranche pour plus de cent francs de plaisir. Mon grand-