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Page:About - Rome contemporaine.djvu/55

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maladresse, il étendit une couche de bitume sur l’espace qu’il avait blanchi. Mais s’étant souvenu fort à propos que le tableau primitif avait certaines parties dans la lumière et certaines autres dans l’ombre, il égratigna le bitume avec la pointe d’un canif, partout où il lui plut de faire des clairs. Le préfet le surprit au milieu de cette exécution, et poussa un cri de colère. Sa première idée fut de le foudroyer d’un coup de pied ; mais il se contenta de provoquer son renvoi. « Vous nous excuserez, répondit le bourgmestre, ce fonctionnaire est à notre nomination, puisqu’il est payé sur notre budget. »

« Le professeur de peinture à l’école communale vint à mourir. Il n’avait rien su de sa vie, et depuis une vingtaine d’années il enseignait aux jeunes gens de Niguenau une certaine peinture à la pommade qui faisait l’admiration des parents. Le préfet se persuada que cet heureux décès allait sauver le bon goût dans la ville. Il voulait appeler de Munich un homme âgé, plein de talent, goûté dans les expositions, honoré de plusieurs récompenses, et assez modeste pour préférer une position fixe en province à la vie militante de la capitale. Mais le bourgmestre et les conseillers avaient un autre candidat. C’était un jeune homme du pays qui s’était fait connaître par d’heureux commencements dès l’âge de douze ans. On l’avait envoyé à Munich avec une pension de 300 florins, dans l’espoir qu’il obtiendrait le prix de Rome et qu’il ferait honneur à la ville de Niguenau. Il avait concouru tant que son âge le lui avait permis, c’est-à-dire jusqu’à sa trentième année, et il n’avait pas même remporté un second prix. Ce n’était pas qu’il peignît à la pommade, mais il dessinait ses tableaux