Page:About - Rome contemporaine.djvu/71

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mieux ; je le défie d’avoir rien vu de si grand. Du plus loin qu’on aperçoit Rome, c’est Saint-Pierre qui se dessine à l’horizon. Son dôme est moitié dans la ville, moitié dans le ciel. Quand j’ouvre ma fenêtre, vers cinq heures du matin, je vois Rome noyée dans les brouillards de la fièvre : seul, le dôme de Saint-Pierre est coloré par la lumière rose du soleil levant. Je me souviens qu’un jour, en allant de Syra à Malte, je vis la Sicile à une distance de quarante lieues : c’était par un temps magnifique, à la chute du jour. On me montra du moins une large et haute montagne qui semblait avoir ses racines dans la mer. C’est l’Etna qui s’élève au-dessus de la Sicile, comme Saint-Pierre au-dessus de Rome. Nous ne voyions pas la Sicile, mais nous voyions l’Etna.


Un jour de grande fête (c’était, je crois, pendant la semaine sainte), je rencontrai devant Saint-Pierre un homme fort scandalisé. C’était un digne Normand, pacifique par nature et par éducation et ancien conseiller municipal de la ville d’Avranches. Quand je le vis hausser les épaules et prendre le soleil à témoin, je ne pus m’empêcher de lui dire : « Qu’avez-vous ?

— Ce que j’ai ? j’ai que depuis deux heures et plus il entre ici des torrents de monde, et cependant il n’y a pas de foule dans l’église. Le bâtiment est trop grand. Ces gens-là n’ont pas l’esprit juste, et ils exagèrent toutes choses.

— Hélas ! monsieur, lui répondis-je, que direz-vous