Page:About - Rome contemporaine.djvu/74

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lier malaise. Sur les plaines uniformes de la mer et de la terre, le vent d’Afrique roule tumultueusement sans rencontrer d’obstacles ; Rome est la première résistance qu’il rencontre sur son chemin. Il tourbillonne en sifflant autour des sept collines, et l’on dirait que les maisons s’ébranlent à son choc. Les nuages s’amoncellent les uns sur les autres comme des montagnes brassées par un titan, jusqu’au sommet de la voûte du ciel. Bientôt ils ne forment plus qu’une masse compacte dont le jour est obscurci. Tout crève alors, et un torrent épais, uniforme, inépuisable, descend bruyamment sur la ville. Le vent souffle toujours, ramène de nouveaux nuages, et remplit les réservoirs du ciel avant qu’ils ne soient épuisés. Le tonnerre se met quelquefois de la partie, et l’eau, le vent, les éclairs, les secousses qui ébranlent ma chambre me font la peinture achevée d’un navire battu par la tempête.

Souvent aussi l’orage menace, passe et disparaît sans laisser de traces, comme un souverain qu’on attendait dans une ville et qui ne s’y arrête que pour changer de chevaux.


On vient de frapper à la porte de mon observatoire : c’est une visite pour moi. Le visiteur est un homme d’esprit, et de sens, quoiqu’il ne soit pas exempt de certains préjugés aristocratiques. Il s’installe, fait des cigarettes de tabac turc, et fume une grande demi-heure sans déparler. Sa conversation m’a fait plaisir et peur en même temps. Il offre de m’apprendre tout ce qu’il sait sur l’I-