Page:About - Rome contemporaine.djvu/75

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talie, mais en même temps il me défie d’écrire un livre qui ait le sens commun.

« Si vous m’en croyez, dit-il, vous consacrerez trois ou quatre mois à l’étude de Rome, sans regarder ni les tableaux, ni les statues, ni les ruines, ni rien de ce que les étrangers viennent voir ici. Vous n’avez assurément pas l’intention de répéter ce que tous les voyageurs ont écrit ; d’ailleurs, l’Italie contemporaine n’a rien à démêler avec l’antiquité, le moyen âge ou la Renaissance. Renfermez-vous dans l’examen des institutions, des mœurs et des caractères : vous en aurez pour longtemps, si vous cherchez la vérité. Tâchez de tout voir par vous-même ; ne comptez ni sur les Français, ni sur les Italiens pour vous renseigner. Les Français observent peu, et la division d’occupation dont j’ai l’honneur de faire partie ne se compose pas de philosophes. Nous vous dirons beaucoup de bien et beaucoup de mal des Italiens, suivant la maison où chacun de nous est logé. Nous vous dirons aussi quelques sottises. Un de nos soldats parlant à un Italien, et furieux de n’être pas compris, s’écriait en montrant le poing : « Quoi ? fainéant ! Il y a neuf ans que nous sommes ici et tu ne sais pas encore le français. » Nous tombons tous de temps en temps dans le raisonnement de ce soldat. Parlez avec les Italiens, et dans leur langue, quand même ils sauraient s’expliquer dans la vôtre. La noblesse romaine, à commencer par le saint-père et le cardinal Antonelli, sait le français presque aussi bien que vous ; cependant l’Italien le plus instruit n’est pas tout à fait lui-même lorsqu’il ne parle pas italien. D’ailleurs, pourquoi vous priveriez-vous du plaisir d’écouter cette belle langue harmonieuse ? Venir en Italie pour y causer en français,