Page:About - Rome contemporaine.djvu/82

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L’Académie, comme presque toutes les grandes maisons, nous fait une aumône tous les mois, et en échange de ce bon procédé nous lui portons une salade tous les dimanches. »

Il me conta, chemin faisant, tous les petits métiers qu’il exerçait gratuitement, au profit des bienfaiteurs de son ordre. Il arrachait les dents avec une certaine dextérité ; il posait pour la tête et la barbe dans l’atelier des peintres ; il suivait, le cierge en main, l’enterrement des grands personnages. Le métier de ces moines mendiants n’est pas un métier d’oisif. Ils sont les intimes et les familiers des petits, les serviteurs très-humbles et très-dévoués des grands. Le peuple les écoute volontiers, parce qu’ils sont peuple. Ils prêchent au Colisée, sur les places, dans les rues, en langage très-vulgaire, le poing sur la hanche, et à la bonne franquette. Si un gros mot peut donner plus de nerf à leur rhétorique, ils le lâchent tout naturellement. « Voilà comme nous sommes, me disait mon compagnon de promenade : nous ne sommes pas des érudits ; nous ne savons pas le télégraphe, ni le gaz, ni la vapeur ; mais nous en savons assez pour donner un bon conseil. »

Une vieille femme lui barra le passage en l’appelant par son nom. « Père, lui dit-elle, mon terne n’est pas sorti. Donnez-m’en un autre. C’est samedi à midi qu’on fait le tirage de Rome. »

Il la repoussa de la main et lui dit : « Va te promener ! Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux, quand par hasard tu as dix sous, acheter un pain et une bouteille de vin qui te donneraient des forces, que de perdre tout à la loterie ? »

La vieille répondit : « Faites excuse. Lorsque j’aurais