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Page:About - Rome contemporaine.djvu/94

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III

le ghetto.


J’avais lavé mes mains à la fontaine et je les séchais au soleil, lorsqu’un murmure de voix nasillardes attira mon attention. Je me laissai guider par le bruit, et j’arrivai bientôt devant une de ces innombrables madones que la dévotion des Romains a encadrées dans tous les murs. Quatre hommes du peuple, trois vieux et un jeune, à genoux dans la poussière, le nez tourné vers la muraille, marmottaient pieusement les litanies de la Vierge. C’est ici que le respect humain ne gêne personne, et que les âmes chrétiennes s’inquiètent peu du qu’en dira-t-on[1].

  1. Un scrupule m’arrête au moment où je relis cette phrase et voici qu’un autre souvenir me revient à l’esprit :
        Par un beau soir du mois de mai, à l’heure de l’Ave Maria, je rencontrai une procession de gens du peuple et de petits bourgeois, au nombre de dix-huit ou vingt. Ils chantaient à tue tête un cantique italien en l’honneur de la sainte Vierge.
        Tandis que j’admirais intérieurement cet acte de dévotion spontanée, je fus heurté par un homme indigné qui gesticulait énergiquement. C’était le prince Publicola de Santa-Croce. « Quelle impudente canaille ! disait-il à haute voix. Cesseront-ils enfin de nous rompre la tête ? N’ont-ils pas bien gagné les trente sous que la paroisse leur donne pour édifier les étrangers ? »