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TOLLA.

de la comtesse. Il ne savait rien refuser à Tolla. En dépit de toutes les recommandations de prudence et d’abstinence qu’on ne lui avait pas ménagées, il hissait lui-même sa petite élève sur tous les ânes du village, et il maraudait à son intention dans les jardins les mieux enclos. Plus d’une fois on surprit le mentor éclatant de rire à la vue de Tolla qui mordait à belles dents une lourde grappe de raisins jaunes, ou qui se barbouillait les joues avec une grosse figue violette. Les jardins, les bois, les ânes et Menico furent pendant douze ans les seuls précepteurs de Tolla. Sa mère lui apprit un peu de religion et de musique. Comme on ne la força jamais de se mettre au piano, elle y vint toujours volontiers. Ses petits doigts aimaient à courir sur les touches d’ivoire. Il se trouva qu’elle avait l’oreille juste, et même, ce qui est plus rare chez les enfants, le sentiment de la mesure. Le célèbre maestro Terziani, qui l’entendit un jour par hasard, déclara que c’était grand dommage de ne lui point donner un maître, mais on le laissa dire.

La religion, et surtout ce catholicisme splendide qui règne à Rome, trouva chez elle une âme bien préparée. La pompe des cérémonies, les parfums de l’encens, l’or, le marbre, la musique sacrée, l’attirèrent invinciblement, comme ce citronnier fleuri auquel elle tendait les bras. Son imagination avide s’empara du premier aliment qui lui fut offert. Elle