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TOLLA.

s’éprit d’une passion filiale pour la madone, cette dame vêtue de bleu et d’or qu’on lui disait si bonne et qu’elle voyait si belle. L’enthousiasme puéril qu’elle conçut pour certaines images se changea peu à peu en dévotion. À force de prier dans la chambre de sa mère devant une Sainte Famille de Sassoferrato, elle se lia tout particulièrement avec saint Joseph : elle lui envoyait des baisers, comme à un vieux et respectable parent de la maison. « Tu verras, lui disait-elle, comme je t’embrasserai, si je vais au ciel ! » Cette âme aimante n’eut pas besoin d’apprendre la charité. À quatre ans, elle déchirait ses habits, parce qu’elle avait remarqué qu’on les donnait aux petits pauvres lorsqu’ils étaient déchirés. Elle émiettait son déjeuner aux oiseaux du jardin. « Ne sont-ils pas notre prochain ? disait-elle. Je nourris mes frères ailés. » Sa charité s’étendait jusqu’aux morts. Un jour, sa mère la conduisit à l’église des Jésuites, où l’on prêchait pour les âmes du purgatoire. C’était dans l’octave de Saint-Ignace, un mois environ avant qu’elle eût accompli sa sixième année. Pendant tout le sermon, Toto n’eut d’yeux que pour la statue colossale en argent massif posée sur un globe de lapis-lazuli : il demanda plusieurs fois à sa mère si le bon Dieu était aussi riche que saint Ignace, et s’il avait en quelque endroit du monde une aussi belle statue. Tolla écouta le prédicateur.