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Page:About - Tolla, 1855.djvu/29

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TOLLA. 10 marier les jeunes filles et û aplanir les obstacles que l'inégalité des fortunes élève entre ceux qui s’aiment. La marquise avait détaché de son revenu une somme assez forte destinée à doter annuelle¬ ment quatre filles pauvres; mais, en dehors de cette fondation pieuse, il lui arriva, dit-on, plus d’une fois de compléter la dot d’une fille de no¬ blesse. Ses petites soirées du jeudi ont fait en une année plus de mariages que les grands bals du prince Torlonia n’en feront en dix ans. Elle ne re¬ cevait cependant que de huit heures à minuit. Sa santé ne lui permettait pas les longues veilles, et ce n’é'ait pas sans dessein qu’entre tous les jours de la semaine elle avait choisi le jeudi. Les invités se retiraient à minuit moins un quart, de peur d’em¬ piéter sur le vendredi, jour de mortification, où les théâtres font relâche dans toute l’Italie. C’était un préjugé répandu dans Rome que toutes les unions contractées sous les auspices de la marquise étaient nécessairement heureuses, et lorsqu’on voulait désigner un mauvais ménage, on disait : « Ils n’ont pas été mariés par la Trasimeni. » Quoique cette sainte femme fut un objet de vé¬ nération pour tous et d’admiration pour quelques- uns, la curiosité publique, qui ne perd jamais ses droits, cherchait encore, après plus de vingt ans, le secret de sa tristesse ; mais personne ne con¬ naissait le chagrin qui avait assombri une si helte