Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


    maître, qui l’aimait beaucoup aussi. À cette époque, le duc n’était pas marié… Cette jeune fille avait surtout une grande admiration pour l’adresse de Junot à tirer le pistolet. Un jour il dit à quelques amis :
    — Vous allez voir combien Xraxarane a de confiance en moi !
    Il l’appelle, la place au bout de la chambre, pose sur sa tête une orange, lui recommande de ne pas bouger, se met en face d’elle, ajuste le pistolet, tire, et comme l’arme était chargée à poudre, l’orange demeura en place ; l’enfant fut très étonnée.
    — Pourquoi donc est-elle là, cette orange ? jamais il ne manque son coup !
    On eut beaucoup de peine à lui faire comprendre que Junot avait voulu l’éprouver, et que, quelque adroit qu’il fût, il n’était jamais assez sûr de lui pour tenter le coup avec une balle.
    — Mais, lui dit l’empereur, qui était présent à cette scène, vous n’aviez pas peur du tout, du tout ?
    — Oh ! non, dit la jeune fille avec un abandon charmant, s’il n’avait pas été certain de ne me pas faire mal, il ne l’aurait pas tenté. Tout ce que je savais, c’est qu’il ne me voulait pas faire de mal.
    Quelle adorable naïveté ! quelle confiance ! quelle âme ! Nous chercherions long-temps dans nos jeunes filles, je crois, avant d’en trouver une semblable.