Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/306

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effaça l’impression légèrement pénible qu’avaient produite ces dernières paroles. Ce retour vers l’Espagne était-il un souvenir ? bien des femmes l’auraient imaginé, Mathilde s’y arrêta un moment, et puis cette pensée s’effaça. Elle aimait trop pour être jalouse. Comment son âme loyale et tendre pouvait-elle craindre qu’on la délaissât, elle si dévouée !… elle si aimante !… Elle avait une trop haute opinion de celui qu’elle aimait pour le croire traitre à sa parole ; il lui disait qu’il l’aimait, elle le croyait, un doute aurait été une injure !… Aussi, après ce premier mouvement, elle imagina, au lieu de le punir d’avoir été vrai, de le récompenser d’avoir dévoilé une de ses peines pour qu’elle pût l’adoucir. Dans le nombre des prisonniers espagnols qui étaient à Paris, elle fit chercher un homme qui pût lui montrer le fandango ; elle le fit demander de toutes parts, et même parmi les Espagnols del Rey Pepito[1]. Quelques jours

  1. Nom qu’on donnait à Joseph dans l’opposition (Petit Joseph)