Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/10

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na : on croyait voir un chérubin exilé sur la terre. Sur ses traits, dans toute sa personne, on trouvait une harmonie douce et triste, qui invitait tout à la fois à aimer, à pleurer et à prier … Jamais on ne voyait sur ce visage d’enfant aux traits gracieux le rayon d’un sourire, le reflet d’une joie. Si quelquefois on la voyait courir dans le jardin, c’était pour arriver plus vite près de sa mère ; aussitôt qu’elle l’avait atteinte, elle s’appuyait sur elle, l’entourait de ses bras ; et puis, posant sa tête sur sa poitrine, elle fermait les yeux, et paraissait dormir.

Sa naissance avait été funeste à sa mère. Et, quoique dix ans se fussent écoulés depuis ce moment, madame Roverella n’avait jamais recouvré sa santé, et voyait enfin s’approcher le jour qu’elle aurait béni comme celui de sa délivrance, puisqu’il la retirait du monde, si elle n’eût frémi de l’abandon dans lequel elle laissait Anna. Sa fille l’adorait !… voir souffrir cette mère, si douce et si bonne, lui causait