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Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/104

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Elle s’inclina et la reçut avec dévotion ; car, si un mouvement impérieux l’avait emportée quelquefois au point de lui faire braver le père Jean, elle le respectait depuis l’enfance avec une profonde vénération.

— Ainsi donc tu es heureux, Raymond, dit la jeune fille en regardant un portrait de lui, parfaitement ressemblant, qu’il lui avait donné… tu es heureux !… je puis donc partir, m’éloigner de toi… et pourquoi ?… Pour tuer ton souvenir !… frapper de mort tout le passé, sans même recréer un avenir !… Oh ! poursuivit-elle en se jetant à genoux devant le portrait en sanglotant, partir pour toujours ! ne plus voir Raymond ! oh ! je ne pourrai pas !… je ne pourrai jamais !… grâce et pitié… mon Dieu !…

Sa tête et ses mains étaient comme du feu… sa raison s’égarait par intervalles ; effrayée elle-même de la puissance qu’exerçaient sur elle ses esprits mutinés, elle pria Dieu de lui donner