Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/194

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france ; car le son d’une voix demeure dans le souvenir aussi profondément que l’image la plus incisée ! Et lui, comment avait-il accueilli la bienveillance de la jeune fille ?

— Je suis un de ces êtres dont le malheur est presque l’ouvrage, se dit-il en arrachant l’herbe et les fleurs de cette belle plaine, qui semblait un tapis nuancé des plus vives couleurs… Il brisait avec une sensation presque heureuse ces fleurs si fraiches, cette herbe d’un vert si pur… et puis il en jetait des poignées dans le ruisseau qui coulait à ses pieds, et souriait de nouveau en voyant qu’il troublait la limpidité du courant. C’était comme un défi porté par lui à la nature. Il avait éprouvé un moment de calme et même de bonheur à la vue du paysage ravissant qui était devant lui, et il voulait s’en venger en montrant à la nature combien ses œuvres lui étaient de peu de chose !… Tout-à-coup sa main levée de nouveau laissa retomber à côté de lui les fleurs brisées qu’elle