Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/20

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donnée par son père !… et pourquoi ?… L’injustice de cette action en redoublait encore la cruauté, et les enfans comprennent si bien l’injustice !… aussi, lorsque, le soir, elle s’inclina devant son père pour recevoir la bénédiction de la nuit, le genou seul fléchit, mais la bouche demeura muette comme le cœur ! Ainsi torturée dans ses moindres plaisirs, privée des soins de sa mère, dont la santé, mortellement attaquée, réclamait, au contraire, les siens, Anna devint un être tout-à-fait à part au milieu de ce qui l’entourait, et y vécut comme dans une terre étrangère, dont elle n’aurait pas compris le langage.

Touché d’abord d’une douce pitié, Raymond, ainsi que nous l’avons dit, avait voulu adoucir son sort ; mais à cette pitié se joignit bientôt une admiration profonde, en voyant souffrir cette jeune fille avec la résignation d’une sainte. Il résolut d’être pour elle ce que la nature lui avait refusé : un frère, un ami. Ce n’était