Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/207

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Cette soirée fut un enchantement pour Sarah. Jusqu’alors elle avait mal connu M. de Sorcy, se disait-elle : elle trouvait que sa noble tournure se déployait avec plus d’avantage, que son regard avait un charme surtout qui donnait un bonheur jusqu’alors inconnu : ce regard n’était plus errant, il cherchait un autre regard, il y répondait ; souvent c’était pour une chose indifférente, pour la plus simple question ; mais combien de jouissances découlaient de ce langage énigmatique pour tous et compris par eux seuls !… Une fois Alfred s’approcha de la table à thé et dit tout bas à Sarah :

Ma sœur, encore une tasse de thé !

Ce mot de sœur, accompagné du sourire doux et fin qui était un des charmes de la physionomie d’Alfred, ce seul mot de sœur, prononcé tout bas avec le mystère du cœur, fut pour tous deux un motif de joie et de bonheur. L’un n’y voyait qu’une distraction donnée par l’amitié d’une femme sur laquelle il croyait pou-