Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

balle turque que par une suite de souffrances casanières.

Et il partit, sans avoir pitié de sa femme mourante, et sans donner un regard aux joues pâles et aux yeux creux et brûlans de sa fille… de son unique enfant !

Après son départ, la vie d’Anna fut aussi triste, mais plus calme : elle pouvait au moins pleurer en liberté lorsqu’un souvenir trop palpitant la contraignait de fuir la chambre de sa mère… mais cette vie de liberté, toute de larmes, de douleurs et de fatigues, devint mortelle pour Anna, et les suites en furent promptes et terribles.

Un soir, elle était auprès du lit de sa mère, occupée à lui faire une lecture pieuse : la malade était si faible, qu’Anna était obligée de baisser sa douce voix pour ne pas la fatiguer, et le vent qui soufflait des Alpes apportait dans ses rafales de longs bruits qui gémissaient en se brisant dans les arbres dépouillés du jar-