Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/86

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le premier mouvement d’Anna fut de courir à lui ; mais un sentiment indéfinissable la retint à sa place, et, baissant les yeux, elle attendit que le moine lui parlât.

Il fut sévère et peut-être injuste.

— Pourquoi ne pas m’avoir appelé aussitôt après la mort de votre mère ?…

— Parce que je vous savais occupé des affaires de votre maison, mon père, et que je n’osais vous en distraire.

Le père Jean sourit dédaigneusement.

— Voilà une grande sollicitude pour notre ordre !… mais dont je ne suis pas dupe. Vous êtes demeurée seule pour éviter mes conseils, pour demeurer sans appui contre votre folle passion.

— Mon père ! s’écria Anna indignée !…

— Et pourquoi, si ce n’était à cette fin, seriez-vous ici, seule, à vous laisser aller au courant de cet amour qui vous entraîne vers la haute mer où vous périrez ?… Ne vous ai-je