Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/85

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en l’écoutant. C’était de l’amitié qu’il avait pour elle, lui !… mais Anna, c’était de l’amour !… un amour passionné !… un amour tellement insensé, qu’il lui donnait de la joie même auprès d’un cercueil… car elle s’abusait en écoutant Raymond, et, dans son délire, satisfaite d’entendre sa voix lui dire avec émotion  : « Anna, je t’aime !… je t’aimerai toujours !… » la jeune fille ne se demandait plus si c’était l’amour qui lui avait parlé ; mais elle rentrait dans sa léthargie et demandait de ne jamais s’éveiller.

C’est ainsi que s’écoulérent les premiers mois de son deuil…

Le père Jean était à Rome pour les affaires de son ordre ; mais il était instruit de ce qui se passait à Milan. Une lettre n’eût peut-être pas été lue ; il demanda et obtint un congé et, trois mois après la mort des parens d’Anna, il était à Milan.

En le voyant entrer dans son appartement