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Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/99

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velle conviction d’une pensée qui souvent l’avait bien occupé : c’est qu’Anna avait un sentiment profond pour un homme qui lui était inconnu et qui probablement n’existait plus.

— Pauvre Anna ! murmurait-il en s’en allant !…

Tant qu’Anna le vit, tant qu’elle entendit le bruit de ses pas retentir sur les larges dalles de marbre de la cour, elle respira, quoique péniblement… mais lorsque le silence eut remplacé ce bruit, qui était devenu à peine un son que l’oreille d’une femme qui aime pouvait seule recueillir, alors elle comprit ce qu’on peut éprouver de douleur au moment où l’âme quitte le corps, et elle demeura sans mouvement…

La voix du père Jean la tira de cette sorte de léthargie ; en l’entendant venir à elle, elle tressaillit, et, se levant du banc de marbre sur lequel elle était assise, elle marcha d’un pas rapide vers sa chambre à coucher, dans