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Page:Abregé de la vie des peintres (Roger de Piles, Muguet, 1699).djvu/506

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Sculpteurs, l’Algarde, & François Flamant, chez lequel il demeuroit, a pû fortifier, & peut-être ſuſciter cette inclination. Quoy qu’il en ſoit, il ne s’en eſt jamais éloigné, & elle a toûjours augmenté avec ſes années, comme il eſt aiſé de le voir par ſes Ouvrages.

Il copia, dit-on, dans ſes commencemens quelques Tableaux du Titien, dont la couleur & la touche du Païſage luy plaiſoit fort, pour accompagner le bon Goût de Deſſein qu’il avoit contracté ſur l’Antique. L’on remarque en effet que ſes prémiers Tableaux ſont peints d’un meilleur Goût de couleur que les autres : mais il fit bien-tôt paroître par la ſuite de ſes Ouvrages, & à les regarder dans le général, que le Coloris n’étoit dans ſon Eſprit que d’une médiocre conſidération, ou qu’il croyoit le poſſéder ſuffiſamment pour ne rien ôter à ſes Tableaux de la perfection qu’il y voulut mettre.

Il eſt vray qu’il avoit tellement étudié toutes les beautez de l’Antique, l’élégance, le grand goût, la correction, & la diverſité des proportions, les expreſſions, l’ordre des Draperies, les ajuſtemens, la nobleſſe, le bon air, & la fiérté des têtes ; les maniéres d’agir, la coûtume des tems & des lieux : & enfin tout ce que l’on peut voir de beau dans ces reſtes de Sculpture Antique,