Page:Abregé de la vie des peintres (Roger de Piles, Muguet, 1699).djvu/71

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Duché d’Urbain, qui par la ſolidité de leur Eſprit, par la bonté de leur Génie, & par l’aſſiduité de leurs Etudes, élevérent les Idées des connoiſſances qu’ils avoient reçûës de leurs Maîtres, & les portérent à un degré de perfection, qui fera l’admiration de la Poſtérité.

Ceux à qui on eſt principalement redevable de cette perfection, ſont, Léonard de Vinci, Michelange, & Raphaël : mais ce dernier, qui s’eſt élevé au deſſus des autres, a aquis tant de parties dans ſon Art, & les a portées à un dégré ſi haut, que les grandes loüanges qu’on luy en a données, ont fait croire que rien ne luy manquoit, & ont fixé en ſa Perſonne toute la perfection de la Peinture.

Comme il eſt néceſſaire dans la Profeſſion de cet Art de commencer par le Deſſein, & qu’il eſt conſtant que la ſource du bon Goût & de la Correction ſe trouve dans les Sculptures Antiques & dans les Ouvrages de Raphaël qui en ont tiré leur plus grand mérite, la plûpart des jeunes Peintres ne manquent pas d’aller à Rome pour y étudier, d’en rapporter du moins l’eſtime générale des Ouvrages qu’on y admire, & de la tranſmettre à tous ceux qui les écoûtent. C’eſt ainſi qu’un grand nombre de Curieux & d’Amateurs de la Peinture ont