Page:Abundance - La Guerre et le débat entre la langue, les membres et le ventre.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


 Somme toute tout paſſe par les dentz
Dea ſi eſtions encores pretendans
Den acquerir quelque proffit ou grace
Mais nẽny nõ : car touſiours noꝰ menace.
¶Se le gouſt ſent quelque bonne viande
Soiſve : doulce : ſauuoureuſe & friande
Il la incorpore & lenuoye a la gueulle
Qui lengloutiſt ſans faire aultre demãde
En lenſaichant comme pain de prebende
Nya de nous celluy qui ne ſen deulle
Car nous nauons vne eſtincelle ſeulle
Daulcun prouffit de ſeruir telz coquars
Qui noꝰ lardent & noꝰ gectẽt leurs brocars
¶Labourer fault au long de la ſepmayne
Et trauailler endurant griefue peine :
Pour rembourrer ce vil panneau fourre
Euſſe cent francz de rentre ou en domayne :
Si fault il bien q̃ ce grãd gouffre amayne
Tout mon vaillãt tãt quil ſoit rembourre
Si poure na : fuſt du pleſſis bourre
Qui naimaſt mieulx eſtre a perdition
Que deſtre plus en la ſubiection.
¶Quãt il eſt ſaoul il fait a nous la nicque
Quãt il eſt vuyde chaſcũ de nous il picque :
Conſiderõs le dãger ou nous ſommes
Rien namaſſõs qui nentre en la boutique.
Ie croy quil ſoit pire que vng hereticque
De nous ne tient conte vallant deux pommes