Page:Académie française - Recueil des discours, 1850-1859, 2e partie, 1860.djvu/434

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chez nous un concert qui, depuis un siècle peut-être, ne s’était, pas rencontré aussi éclatant. La France recueillait dans le domaine de l’intelligence les fruits inestimables dont s’étaient couronnés pour elle quinze ans de paix et de liberté.

Revenue à la vraie tradition française, la philosophie s’était rattachée au noble spiritualisme de Descartes. Elle faisait justice des humiliants systèmes, première cause de la décadence littéraire. Avec l’idée de Dieu et de l’âme immortelle, elle avait retrouvé l’éloquence et les splendeurs du langage.

A la lumière de la philosophie et de l’expérience politique, l’histoire nous enseignait à la fois l’esprit de conservation et l’esprit de liberté ; interprète des grands souvenirs, elle éveillait en nous d’invincibles espérances.

Par un souci tout nouveau de l’élément historique et moral, la critique, œuvre spéciale de notre temps, avait élargi son domaine ; elle était devenue elle-même une des branches de l’art les plus originales et les plus fertiles.

La politique faisait autre chose encore que de préparer des matériaux à l’histoire ; elle apportait des richesses à l’éloquence. Ce n’était plus un art silencieux qui se laisse confondre avec le hasard. Plus intellectuelle à mesure qu’elle était plus indépendante, elle enrichissait chaque jour notre belle prose des inspirations de la tribune, et liait ainsi plus étroitement la destinée des lettres à celle des institutions libérales.

Mais au milieu de ces splendeurs toutes nouvelles, la plus imprévue et la plus éclatante, c’était la poésie. Déjà Chateaubriand avait rouvert aux imaginations la sphère divine du christianisme et leur avait montré dans le sentiment de la nature un monde poétique à peu près inconnu à la France. Une