Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/139

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Dieu dans la société moderne, et pour cela commencer par n’en pas sortir soi-même, ne pas lui déclarer à tout propos des guerres de principe ou lui intenter des procès de tendance : afin de rester en mesure de venir en aide à ses faiblesses, ne pas lui faire perpétuellement un crime d’être venue au monde et d’exister ; s’asseoir au contraire, comme Thémistocle, à son foyer le plus intime (la comparaison est bizarre, mais elle est de lui) ; et de là, comme d’un centre, rayonner sur le dogme et sur l’histoire : faire voir, d’une part, que le dogme chrétien a ses racines à des profondeurs de l’âme humaine que n’atteint pas le cours des temps ; de l’autre, que tous les biens dont s’enorgueillit la civilisation moderne ont eu leur source dans le christianisme : montrer ainsi que l’Eglise, étant impérissable, est toujours moderne, et que la société moderne, étant née de l’Église, est plus chrétienne qu’elle ne pense ; établir par là entre l’une et l’autre un double courant de communication : ce fut le plan qu’il avait conçu et que vingt années d’enseignement ont suffi à peine à réaliser. Tout cela, cependant, plutôt indiqué que défini dans un programme assez vague qui laissait place à tous les caprices, oratoires. Des généralités hardies, plus propres à ouvrir de grandes perspectives que susceptibles de démonstrations rigoureuses ; le dogme exposé, non dans ses mystères intimes, mais dans ses rapports avec les besoins et l’histoire de l’humanité, dessiné pour ainsi dire du dehors par ses arêtes extérieures, et çà et là, pourtant, de grands jours ménagés pour que le regard pût plonger dans ses profondeurs : des assimilations parfois forcées, toujours saisissantes : peu de textes de l’Écriture sainte, mais d’une application lumineuse et inattendue : beaucoup d’allusions aux souvenirs de la vie