Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/185

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tenu jusqu’alors en physique à l’école des théoriciens, plus préoccupés de formuler les lois générales que d’observer minutieusement les phénomènes ; mais, surexcité par les travaux de Berthollet, de Thenard, de Candolle, tous membres de ce cercle formé par la science et cimenté par l’amitié, il devint lui-même, à cette grande école, expérimentateur consommé, en conservant toutefois, dans le domaine de l’exploration, son génie particulier.

Il débuta par des recherches sur la propagation de la chaleur et sur celle du son. L’attention de M. Biot fut surtout attirée par les phénomènes que provoque le passage de la lumière polarisée à travers les cristaux : ses travaux sur cette matière furent aussi nombreux que féconds. S’il s’inspira des vues alors toutes nouvelles de Malus sur les effets de la double réfraction, il sut les étendre et les compléter par une coordination puissante de la théorie avec les faits. Ce fut ainsi qu’il dépassa, mais sans aspirer à le faire oublier, le cher condisciple, ravi trop tôt à la science comme à la gloire, et dont il a condensé la vie courte mais pleine dans quelques pages admirables. On sait que M. Biot poursuivit durant toute sa carrière l’application à l’étude des combinaisons chimiques de la polarisation rotatoire de la lumière, dont la science lui doit l’importante découverte. Dans sa méthode, aussi précise qu’élégante, on retrouvait la rigueur du géomètre et la finesse de l’analyste. La constante application des formules mathématiques aux données expérimentales marquait toutes ses recherches d’un cachet spécial.

Ce fut surtout dans son Traité de physique mathématique, publié en 1816, qu’on put apprécier la puissance de