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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/211

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contre des vassaux révoltés ? Le concours n’a été réel, efficace, glorieux même, que lorsque la monarchie a repris sa place, quand le clergé n’a été que la première des hiérarchies ; et cette subordination lui a porté bonheur, car c’est alors qu’ont éclaté dans son sein les grandes vertus, les grands génies qui ont illustré à la fois et l’Église et la France.

Je ne saurais également partager votre enthousiasme pour les croisades et pour la Ligue, que vous considérez comme les plus grandes choses qu’ait produites la pensée catholique, comme le plus magnifique développement de l’esprit chrétien et populaire. Vous voyez encore dans la Ligue un élan vers la liberté, la protestation d’un peuple opprimé contre l’absolutisme. J’ai beau regarder, Monsieur, je n’y vois que les atrocités de la guerre civile, la parodie des choses religieuses, l’assassinat de deux rois, le sanglant guet-apens de la Saint-Barthélémy, l’impertinente ambition d’une maison subalterne, l’appel à l’étranger, le meurtre et la rébellion payés par l’or de l’Espagne. La liberté n’a que faire là, et la vraie religion ne peut avouer de pareils crimes. Vous me paraissez bien plus chrétien quand vous infligez l’épithète d’horrible à la guerre des devenues, quand vous incriminez la révocation de l’Édit de Nantes comme une mesure fatale que ne commandaient plus les dangers du catholicisme.

Quant aux croisades, je le reconnais comme vous, c’est un spectacle grandiose que ce soulèvement de tant de populations à la voix d’un apôtre. Mais que de calamités à la suite ! vous les avez énumérées vous-même. Vous nous avez montré les royaumes abandonnés par leurs souverains, la disette, la