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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/215

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vous avez fait pour le cardinal Dubois, dont vous avez loué la diplomatie après en avoir flétri le libertinage ? Otez des œuvres de Voltaire tout ce que la religion a droit de lui reprocher, ce qui restera, Monsieur, suffira encore à une immense renommée, à une gloire si grande, que tous, tant que nous sommes, poètes, historiens, publicistes, romanciers, critiques même, nous serions impuissants à le reproduire.

Je ne vous suivrai pas jusqu’au bout, Monsieur : vous avez soulevé tant de questions qu’il me serait impossible de les rappeler toutes. Je passe rapidement sur les douze années de nos folies et sur les quatorze années de notre grande gloire. Cette gloire vient d’être si dignement racontée que ma voix se perdrait dans le retentissement de tous les échos de l’Europe. Forcés d’ailleurs de nous recruter depuis trente ans parmi les hommes qui ont pris part aux grands événements de ce siècle, nous avons fatigué ces voûtes du récit de nos prospérités et de nos misères : quand vous arrivez enfin à l’exercice de ce gouvernement que vous avez appelé de tous vos vœux et qui n’a point rempli toutes vos espérances, je suis arrêté par bien des convenances et des scrupules. Vous avez pu dans le silence du cabinet dire votre pensée tout entière sur les hommes et les choses de ce temps ; vous avez pu analyser et juger ces trente-huit années qui commencent à l’avènement de Louis XVIII et de sa Charte, et qui finissent avec la dynastie dont vous avez si bien justifié l’avénement avant d’en signaler les fautes. Je ne m’en suis pas gêné moi-même en bien des occasions. Mais la place que j’occupe ici m’impose bien des réticences et des limites. Je ne sais pas même s’il me serait permis de dire que la Restaura-