Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/220

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il est envoyé par le Bureau des longitudes à l’extrémité de l’Écosse, pour mesurer jusqu’aux îles Shetland l’arc du méridien qu’il a déjà mesuré depuis Valence jusqu’à Dunkerque, et constater encore une fois la figure de notre planète et l’aplatissement de ses pôles.

Le récit qu’il fait de ses voyages, de ses opérations, les accessoires qu’il y mêle, la description si pittoresque des diverses contrées qu’il parcourt, le contraste des splendides horizons de l’Ibérie et de l’atmosphère brumeuse des mers hyperborées, celui des mœurs des peuples si divers chez lesquels il séjourne, les chaleureux témoignages de sa reconnaissance pour la gracieuse hospitalité qu’il y reçoit, pour les hommes qui lui prêtent le concours de leur intelligence, tous ces détails donnent une si haute idée de son cœur et de son esprit, offrent une lecture si pleine d’intérêt et de charme, que les hommes du monde y prennent autant de goût et de plaisir que les savants auxquels ces narrations sont plus spécialement destinées.

Ce même mérite, cet intérêt, ce charme, se font également sentir dans les vingt biographies où il a retracé la vie, le caractère et les travaux des savants les plus célèbres. Dans ce genre de composition, il s’est élevé à la hauteur des Cuvier, des d’Alembert et des Fontenelle. J’ose même dire qu’il les a surpassés dans les biographies de Galilée, de Descartes et de Newton. Elles suffiraient pour établir une renommée littéraire, dans un temps où l’on aurait le loisir de s’appesantir sur une lecture, où le bruit d’un livre nouveau ne serait pas étouffé le lendemain par celui des livres qui lui succèdent. Peut-être a-t-on droit de regretter qu’il ait dépouillé Galilée d’un trait de courage et d’un mot célèbre ;