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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/225

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que ; supprimée, comme l’Académie, pendant nos orages révolutionnaires, reparaissant lorsque les temps sont devenus plus calmes, avec ses règles sévères et ses vieilles traditions, et regardant toujours comme son devoir le plus glorieux et le plus cher de défendre, quand les circonstances le demandent et contre tout adversaire, une liberté sans laquelle l’Académie, comme le barreau, n’existeraient plus, la liberté de penser, de parler et d’écrire.

Le barreau a été représenté de très-bonne heure au sein de l’Académie, et s’il arrive encore que l’un de ses membres soit appelé à exercer sur le théâtre plus élevé de la politique les facultés que le ciel peut lui avoir départies, vous ne refusez pas l’occasion qu’il vous offre de continuer cette ancienne alliance. Vous lui comptez, comme des titres, les relations qu’il a entretenues avec les premières intelligences du pays, et vous consentez à lui tendre une main fraternelle. De l’honneur que vous m’avez fait en m’admettant parmi vous, une bonne part revient donc à ceux qui ont été, dans des carrières diverses, les compagnons de ma vie, et, me présentant aujourd’hui seul devant vous, je n’en sens que mieux et le prix de la distinction que j’ai obtenue et les difficultés de la tâche que votre choix m’a imposée, en me confiant le soin de vous entretenir de mon illustre prédécesseur.

Parmi les hommes remarquables qui sont venus tour à tour, depuis plus de deux siècles, prendre placé sur ces bancs, les uns, et ce ne sont pas les moins grands, se sont consacrés tout entiers au culte pur et désintéressé des lettres, soit qu’ils aient vécu dans le passé à la recherche des faits, des mœurs, des idées, des institutions encore mal connus ou mal