Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/239

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pied d’une magistrature telle qu’elle existait du temps des Sartine et des Lenoir. Vous avez été magistrat, ajouta-t-il, et c’est comme tel que je vous ai choisi. J’ai pleine confiance en vous ; et je suis sûr que vous mériterez cette confiance. Il était difficile de résister à de telles paroles dites par un tel homme, et une heure après j’avais prêté mon serment. Napoléon tenait du reste beaucoup à ce qu’on sût que c’était comme magistrat qu’il m’avait choisi et qu’il entendait que la préfecture de police redevînt une véritable magistrature, car il le dit dans la journée à plusieurs personnes, entre autres à M. Mollien et à M. Daru, qui me l’ont répété plus d’une fois. »

M. Pasquier s’est renfermé avec joie dans la mission qui lui était donnée.

Les travaux considérables qu’il entreprit pour donner satisfaction aux intérêts si variés de la capitale, feraient le sujet d’une étude du plus haut intérêt. Jamais, il faut l’espérer, la question des approvisionnements ne causera autant d’anxiété qu’en l’année 1812, et jamais elle ne sera plus attentivement examinée qu’elle le fut alors, l’empereur et le préfet de police ayant, à ce sujet, deux opinions radicalement opposées et les soutenant avec une égale ténacité.

Dans les rapports qu’il avait avec M. Pasquier l’empereur était froid, mais digne, sans aucune des brusqueries ou des familiarités qu’il se permettait avec des serviteurs même d’un rang plus élevé. Pendant toute la durée de son administration il ne lui adressa qu’un reproche. — Le lendemain de la scène violente et injuste qu’il avait faite à M. Portails en plein conseil d’État, et dans laquelle M. Pasquier