Aller au contenu

Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant un an à des relations personnelles avec les hommes distingués dont il était devenu le chef.

Il se retira au retour de Napoléon, fut exilé à quarante lieues de Paris par un ordre dont on le releva au bout de huit jours, et, lorsque Louis XVIII remonta sur le trône, il fut appelé, sous la présidence de M. de Talleyrand, aux deux ministères réunis de la justice et de l’intérieur. Il les garda jusqu’au mois de novembre, et se retira avec ses collègues devant les dispositions menaçantes des députés que les collèges électoraux venaient de nommer. Pendant cette courte et laborieuse administration, il eut à soutenir contre les royalistes passionnés la même lutte qu’en 1814 ; mais il l’engagea peu de temps après sur un théâtre plus élevé et devant un jury dont la sentence ne pouvait être douteuse : l’opinion publique.

La ville de Paris, reconnaissante des services que lui avait rendus son ancien préfet de police, le comprit au nombre de ses députés.

Il apportait dans cette Chambre nouvelle deux mérites qui, à cette époque, n’étaient pas communs :

Il avait l’habitude des grandes affaires administratives. On ne pouvait être rapproché de Napoléon par des fonctions importantes, qui obligeaient à travailler personnellement avec lui, sans acquérir bientôt une aptitude singulière à les remplir. Sa conversation était chose redoutable. Son puissant esprit pénétrait jusqu’au fond des matières qui lui étaient le moins connues ; l’interlocuteur le mieux instruit avait peine à satisfaire son implacable curiosité. Il n’enseignait rien, mais il obligeait ses administrateurs au travail }e plus instructif et le plus fortifiant.