Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/298

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en laissant à sa conscience tout le prix du sacrifice, en épargnât les amertumes à ses vieux ans.

Il serait impossible, sans fatiguer votre attention et sans nuire à l’intérêt que méritent les obscurs témoignages des vertus les plus simples parce qu’elles sont les plus réelles, d’exposer ici tous les titres qui ont décidé l’Académie à la distribution des dix-huit médailles, dont quatre de 1,000 francs et quatorze de 500. Les plus utiles des meilleures actions ne sont pas toujours dramatiques.

Il faut donc me résoudre à nommer seulement un pieux vicaire de paroisse, M. l’abbé Favier, aux Choizinets (Lozère), qui, renonçant à tout avancement dans son ministère, a tout quitté pour se renfermer dans une maison d’orphelins où les devoirs les plus pénibles, les soins les plus humbles, n’ont rien qui intimide ou fatigue sa charité vaillante. Nos éloges l’effrayeraient peut-être plus que les plus laborieux sacrifices de la vie de dévouement qu’il a volontairement embrassée. Nous nommerons seulement comme lui M. Fidèle Elleboode, à Saint-Omer, qui, depuis l’âge de cinq ans, condamné à porter une jambe de bois, s’est jeté mainte fois dans l’Aa et dans les nombreux canaux qui arrosent sa contrée, pour sauver au péril de sa vie des malheureux de tout âge. Plus de vingt-cinq de ces actes d’énergie et de dévouement ont été attestés avec d’intéressants détails à l’Académie. Nous ne pourrons pas insister davantage sur les services non moins précieux que rend tous les jours à l’enfance, à la jeunesse, menacée de non moins grands périls, M. Bouquet, un des commis-greffiers du tribunal de la Seine. Appelé par ses fonctions à voir trop souvent ces malheureux enfants qu’une corruption précoce, l’exemple, l’entraîne-