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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/299

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nement, l’ignorance, l’abandon, amènent sur les bancs de la justice, il s’est attaché avec autant de succès que de persévérance à leur chercher, à leur ménager des moyens d’amendement et des situations préservatrices. Le détail de ce qu’il a fait en ce genre offrirait à l’administration de la justice plus d’un sujet digne d’attention. Mais la magistrature est informée ; c’est elle-même qui a pris soin d’avertir l’Académie, et la lettre que nous avons reçue du chef du parquet du tribunal serait le rapport le plus intéressant et le plus authentique sur les mérites et les services qu’elle a reconnus en récompensant M. Bouquet.

Enfin nous avons pu, comme à l’ordinaire, comprendre dans la liste de nos récompenses plusieurs exemples de ce dévouement, non moins touchant pour être moins rare, de serviteurs plus fidèles que la fortune, et qui, s’attachant avec obstination à la pauvreté, à la vieillesse, à la maladie, deviennent les bienfaiteurs de leurs maîtres. Six de nos médailles prouveront à six de ces femmes généreuses qui sont comme les sœurs de charité de la vie domestique, que l’obscurité de leur dévouement, de leurs vertus familières, ne les dérobe pas toujours, même en ce monde, à la justice qui leur est due.

Mais à ces nombreuses pratiques des vertus les plus respectables que notre livret fera connaître avec détail, l’Académie française a joint une noble action qu’elle tient à louer devant vous, et qu’elle ne sait comment récompenser autrement qu’en m’ordonnant de vous en rappeler l’émouvant souvenir.

Le 26 septembre dernier, par les marées de l’équinoxe, la mer était haute sur les côtes de Normandie. Au Havre, dans l’enceinte même des bains réservés aux nageurs, un courant