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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/305

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Ces âmes vertueuses ont trouvé leur mobile autre part que dans les livres ; elles attendent leur prix de plus haut. Cette année, comme les deux précédentes, la liste de nos lauréats s’ouvre sous les auspices de la religion. Un prêtre catholique y prend la première place, occupée dans le précédent concours par un pasteur protestant.

Jamais, peut-être, si nombreuses présentations n’avaient été faites. Est-ce la somme du bien qui augmente, ou le désir de le provoquer qui se répand avec les présages et l’effroi du mal ? Cent trente-huit Mémoires nous ont été adressée, appuyés des plus honorables témoignages. L’Académie a décerné deux prix et vingt-trois médailles : trois de première et vingt de seconde classe.

La plus considérable de ces récompenses a été accordée à M. l’abbé Soret, curé de Luzarches, qui, depuis dix-neuf ans, s’est condamné à vivre de la vie du pauvre pour consacrer son patrimoine et le fruit de son travail à secourir et surtout à prévenir tous les genres de misère. C’est d’abord aux nécessités de l’enfance, juste objet des soucis de la religion et de l’État, frêle et délicate matière à tant d’essais dangereux, que s’est appliqué l’infatigable dévouement de l’abbé Soret. Après avoir établi, à ses frais et en surmontant bien des obstacles, une salle d’asile qui manquait à sa paroisse, sa sollicitude pour les enfants pauvres les suivit jusque dans l’école communale et lui inspira la plus ingénieuse pensée pour préserver et pour rendre utiles les moments laissés libres par les leçons de l’instituteur. Faire des heures de récréation, qui se passent pour les fils de l’ouvrier loin de la surveillance des parents et deviennent parfois si funestes aux bonnes habitudes et si dangereuses pour la vie même, en faire des heures