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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/307

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l’intelligence de l’abbé Soret qu’à sa charité, créés tout entiers, dirigés et surveillés par lui dans leurs moindres détails, ont été fondés à ses frais et sont soutenus par ses ressources personnelles. On y pourrait trouver d’heureux modèles pour ces nombreux essais de vie collective appliqués à la première enfance, et qui ne resteront sans danger pour l’initiative individuelle et l’esprit de famille qu’à la condition de s’appuyer sur l’esprit chrétien et sur une direction aussi éclairée, aussi libre et aussi zélée que celle du vénérable curé de Luzarches.

Mais c’est là où manque la famille que la charité religieuse et sociale doit se montrer plus active et peut s’attribuer sans inconvénient, sur l’enfance, une pleine paternité. En soulageant des misères de toute espèce, en se dévouant surtout au premier âge, l’abbé Soret avait été particulièrement frappé de la triste destinée des jeunes filles orphelines. Son œuvre la plus importante et qui reste encore son œuvre toute personnelle, c’est un orphelinat. Sur un terrain acheté par lui en 1851, une maison s’est élevée par ses soins, qui donne aujourd’hui asile à cinquante-six jeunes filles délaissées. La paroisse de Luzarches n’est pas seule appelée à profiter de cette heureuse création. Les orphelines de tout l’arrondissement de Pontoise y sont admises de huit à dix-huit ans ; elles y reçoivent l’instruction primaire et sont rendues capables de se suffire à elles-mêmes comme ouvrières ou comme servantes. Quand elles se trouvent sans place ou malades, on les accueille dans cette grande famille que leur a créée la bienfaisance du digne prêtre.

Le patrimoine tout entier de l’abbé Soret a passé dans ces pieuses fondations et n’a pas suffi. Aussi dévoué dans les