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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/314

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Les résultats obtenus par ces demoiselles comme éducatrices d’enfants aveugles sont vraiment remarquables. On peut voir chez elles plusieurs jeunes filles de six à huit ans plus avancées en tout ce qui concerne l’enseignement primaire, y compris l’écriture, dans les conditions où elle est possible aux aveugles, que bien des enfants de dix ans dans nos écoles ordinaires. Mais ce qui touche et séduit par-dessus tout, ce sont les preuves de la parfaite éducation morale que reçoivent ces jeunes filles. On est étonné deja sagacité de leurs réponses et profondément ému de n’apercevoir en elles aucune trace de gêne et de souffrance, aucun indice de la tristesse qui semble inhérente à leur infirmité.

Voilà ce qu’a fait, Messieurs, une première inspiration de générosité, entretenue avec persistance par le travail et par la vertu chrétienne.

Ce n’est plus le hasard d’une heureuse rencontre qui procure aujourd’hui aux jeunes aveugles l’assistance de Mlles Frachon ; on commence à venir de loin présenter aux deux sœurs de pauvres enfants privés de la vue. La bonne renommée de leur établissement s’est répandue avec le bruit de la bonne action. Déjà le département du Rhône y entretient à ses frais deux jeunes filles. D’autres départements vont suivre cet exemple, et peut-être, quelque jour, un des centres les plus importants de la France sera ainsi doté, grâce à Mlles Frachon, d’une institution régulière pour l’instruction des filles aveugles.

C’est ainsi que tout se ramène, dans les œuvres d’assistance publique, à l’initiative de la bienfaisance privée, aux vertus qui se pratiquent librement. Si éclairés, si riches, si bien réglés que soient une ville et un État, on les verra tou-